Majjhima Nikaya – sutra n°35 : Culasaccakasutta

 

Ce texte (sutra) est extrait du canon pali, un ensemble de plusieurs recueils  qui fixent par écrit pour la première fois l’enseignement du Bouddha, au début de l’ère chrétienne, par crainte de perdre les enseignements transmis jusque là oralement. Le canon pali est la référence scolastique de l’école Theravada. Ce sutra illustre l’impossibilité de dire « Je suis ce corps, ce corps est à moi, ce corps est mon Moi »

Extrait du sutra 35 du Mahjjhima Nikaya  – Culasaccakasutta  traduction de Christian Maes (texte intégral de ce sutra)

(Le Bouddha Gotama parle)

– Voici, Aggivessana, comment j’éduque mes disciples, voici ce que je leur enseigne le plus : “Le physique, moines, est temporaire, le ressenti est temporaire, la perception est temporaire, les composants mentaux sont temporaires et l’état de conscience est temporaire.Le physique n’est pas un moi-autonome, le type de ressenti n’est pas un moi-autonome, la perception n’est pas un moi-autonome, les composants mentaux ne sont pas un moi autonome et l’état de conscience n’est pas un moi-autonome”. Voilà comment j’éduque mes disciples, voilà ce que je leur enseigne le plus.

– Il me vient une comparaison, honorable Gotama.

– Expose-la, Aggivessana, répondit le Seigneur.

– Toutes les plantes, honorable Gotama, et tous les arbres qui poussent, croissent et grandissent poussent sur la terre et sont enracinés dans la terre. Tous les travaux des champs qui demandent de la force ne se font pas sans terre, ils ont besoin de la terre. De même, honorable Gotama, l’homme a son physique pour moi-autonome, il s’établit dans le mérite et le démérite à partir de son physique. L’homme a son ressenti pour moi-autonome, il s’établit dans le mérite et le démérite à partir de son ressenti. L’homme a sa perception pour moi autonome, il s’établit dans le mérite et le démérite à partir de sa perception. L’homme a ses composants mentaux pour moi-autonome, il s’établit dans le mérite et le démérite à partir de ses composants mentaux. L’homme a sa conscience pour moi-autonome, il s’établit dans le mérite et le démérite à partir de sa conscience.

– N’es-tu pas en train de dire, Aggivessana, que le physique est ton moi-autonome, le ressenti ton moi-autonome, la perception ton moi-autonome, les composants mentaux ton moi-autonome et la conscience ton moi-autonome ?

– Oui, honorable Gotama, je dis bien : le physique est mon moi-autonome, le ressenti est mon moi-autonome, la perception est mon moi-autonome, les composants mentaux sont mon moi-autonome, la conscience est mon moi-autonome. Et cette grande foule le dit aussi.

– Que peut faire cette grande foule pour toi, Aggivessana, tu dois développer tout seul ton discours.

– Oui, honorable Gotama, je dis bien : le physique est mon moi-autonome, le ressenti est mon moi-autonome, la perception est mon moi-autonome, les composants mentaux sont mon moi-autonome, la conscience est mon moi-autonome.

– En ce cas, Aggivessana, je vais te questionner à mon tour, et tu pourras répondre ce que tu voudras. Penses-tu qu’un roi guerrier et consacré comme Pasénadi, roi du Kosala, ou Ajâtasattu, fils de Védéhi, roi du Mâgadha, ait dans son royaume le pouvoir de faire exécuter ceux qui méritent de l’être, de priver de leurs biens ceux qui encourent cette privation et d’exiler ceux qui méritent l’exil ?

– Oui, honorable Gotama, un roi guerrier et consacré comme Pasénadi ou Ajâtasattu a dans son royaume le pouvoir de faire exécuter ceux qui méritent l’exécution, de priver de leurs biens ceux qui encourent cette privation et d’exiler ceux qui méritent l’exil. Même des communautés et des tribus comme les Vajjis ou les Mallas ont sur leur territoire le pouvoir de faire exécuter ceux qui méritent l’exécution, de priver de leurs biens ceux qui encourent cette privation et d’exiler ceux qui méritent l’exil. Combien plus des rois guerriers et consacrés comme Pasénadi ou Ajâtasattu. Ils ont ce pouvoir et ils en sont dignes.

– Tu as dit, Aggivessana : “Le physique est mon moi-autonome” ; mais penses-tu avoir le pouvoir de faire en sorte que ton physique soit comme ceci et non comme cela (1)? (1) Que ton physique soit beau et harmonieux plutôt que laid et disgracieux.

– Non, honorable Gotama.

– Fais attention, Aggivessana, réponds en faisant attention. Ton dernier propos ne s’accorde pas avec le premier, ni le premier avec le dernier.

– Que penses-tu de ceci, Aggivessana : le physique est-il permanent ou temporaire ?

– Temporaire, honorable Gotama.

– Le fait qu’il soit temporaire, est-ce satisfaisant ou insatisfaisant ?

– Insatisfaisant, honorable Gotama.

– Et ce qui est temporaire, insatisfaisant et sujet à changement, est-il correct de le considérer ainsi : “Ceci est à moi, je suis ceci, ceci est mon moi-autonome” ?

– Certainement pas, honorable Gotama.

 

 

 

Une réponse à Majjhima Nikaya – sutra n°35 : Culasaccakasutta

  1. Ping : Ce que je n’ai pas dit – Qu’observe t’on pendant la méditation ? | guithera