éclairage philosophique #3 (Michel Bitbol)

L’ensemble de ces « travaux » cherche peut être à appréhender ce que j’appelle ici une nouvelle conscience, à investiguer et à observer ses caractéristiques.

« Mais la première de ses caractéristiques, c’est de ne pas pouvoir être approchée par le concept ou bien par les mots. Car chaque fois qu’on objective ( « objet »  signifie au sens étymologique  « jeté devant »), on s’engage dans un mouvement qui nous éloigne de sa réalité présente.

Car si la conscience est bien présente, en parler revient à s’éloigner du lieu de sa présence puisque les mots sont signifiants. Ces mots sont porteurs d’un sens qui à lui seul nous pousse au dehors de ce nous voudrions cerner. La conscience, bien qu’immédiatement présente, se voit alors abordée dans une forme différée, dans une représentation affaiblie parce que rétrospective (en retard sur le présent). On peut parler de ce que la conscience semblait être (au passé) mais pas sur ce qu’elle est dans l’instant. Ces mots, ces phrases ont peut-être pour but premier de nous ramener dans l’instant là où tout se joue mais d’où rien ne peut être dit. Ces mots tentent de voyager entre les impossibilités pour espérer (peut-être) faire sens dans un silence alors évocateur. »

Extrait du séminaire «  Bouddhisme, conscience et neurologie »de Michel Bitbol donné à l Institut d’Etudes Bouddhiques (février et mars 2012)

 

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