Le terme méditation

Le terme de méditation apparait au milieu du XIXème siècle lors de la traduction par les occidentaux des premiers textes bouddhiques. C’est un terme de la spiritualité chrétienne (meditatio) emprunté aux 4 étapes de la prière :

2 premières étapes d’ordre intellectuel

– Lectio : lecture des évangiles

– Meditatio : réflexion sur les textes saints et la manière de les appliquer dans sa vie

2 étapes suivantes d’ordre sensible

– Oratio : ouverture du cœur à Dieu

– Contemplatio : dialoguer avec Dieu

Assimilée par erreur au Meditatio, la méditation est d’abord vue comme une pratique réflexive.

Avec l’arrivée des maitres Zen (après la seconde guerre mondiale, en Europe et surtout aux Etats-Unis) et de leur longue pratique rigoureuse, immobile et silencieuse, la méditation donne à tort l’impression d’être un est un « vidage » de l’esprit.

Mais la méditation n’est ni une pratique réflexive, ni un vidage de l’esprit. Les termes bouddhiques (bhavana, sikkha) rendent compte de 2 idées principales concernant la méditation :

– L’idée d’un mouvement naturel, d’un processus, d’un progrès vers un but

Bhavana = développement, production et bhavati = venir à l’existence, devenir, croitre

– L’idée d’une culture (au sens agraire, comme la culture d’un champ), d’un développement

Sikkha = entrainement, discipline, éducation

Ces 2 idées soulignent la nécessité d’un travail préparatoire (nécessitant effort et détermination, comme le paysan laboure ses champs) et d’un développement naturel (comme les semis se transforment naturellement en épi de blé).

Les termes « culture mentale » sembleraient donc plus appropriés que celui de « méditation ». Ces terme impliquent que les fruits de la méditation se développent naturellement et ne se choisissent pas , seul le terrain propice à leur murissement peut être cultivé.

Anguttara Nikaya 3-93 (PTS AN-I, p 239) « le fermier n’a pas le pouvoir ou la puissance de dire : « que mes cultures jaillissent aujourd’hui même, que les grains apparaissent demain, et qu’ils murissent le jour suivant ». Mais c’est seulement lorsque le temps est venu que les cultures du fermier germent, que les grains apparaissent et qu’ils murissent. »

Extrait de « La culture mentale dans le canon pali et la Theravada » par Dominique Trotignon – cours donné à l’Institut d’Etude Bouddhique – février 2010