Ce que je n’ai pas dit – Les limites d’un savoir

Le savoir, la connaissance c’est la capacité à organiser les expériences sensibles.

Nos facultés sensorielles sont  continuellement soumises à des stimuli extérieurs. Chaque vibration sonore, chaque forme visible, chaque objet tangible, chaque odeur viennent frapper à la porte de nos sens générant ainsi autant d’informations qu’il y a de stimulus différents. Mais nous ne prenons conscience que d’une infime fraction de ces informations, nous opérons une sélection sévère selon notre degré de vigilance, mais également selon notre état d’esprit.

Chaque état d’esprit dirigera notre attention vers les objets qui le nourrissent, le soutiennent et le confortent,  la colère par exemple orientera plutôt notre attention vers des objets qui suscitent un certain inconfort (un bruit sourd, une sensation corporelle désagréable, ..) tandis que la joie nous conduira à prendre conscience des objets propices aux sensations agréables (un bruit léger, une lumière douce,..).

Nous faisons l’expérience directe du réel à travers nos sens, mais la connaissance du réel n’est qu’une représentation partielle et sélective, une représentation mentale capable de se jouer elle-même selon ses propres règles, de se représenter elle-même. Lorsque je regarde une fleur, ma vue saisit l’ensemble de ce qui m’est présenté, tout ce qui me fait face est perçu, et à cet instant la faculté visuelle me rend compte de la réalité dans son intégralité. Mais dès que j’identifie cette fleur, dès que je la sépare du Tout et prend conscience de la présence de ses parties, dès que je la nomme comme fleur, je la réduis à un ensemble composé de sensations sensorielles partielles et de constructions mentales. Selon si je suis en colère ou en joie, attentif à l’une de ses qualités plutôt qu’à une autre (sa taille, son odeur, sa forme,…), la conscience de cette fleur et mon jugement seront altérés, puisque dépendant de ces mêmes conditions. La connaissance du réel s’établit donc autour d’un ensemble composite, associant éléments réels et événements mentaux conditionnés.

Ce jugement conditionne à son tour les directions vers lesquelles porter notre attention, et donc sur quelles parties de la réalité nous construirons la connaissance de cette réalité.

Si face à un buisson de ronces, je suis inconsciemment marqué par le souvenir des griffures de mon enfance, mon attention se portera sur ses épines et je considérai alors les ronces comme un buisson épineux.

Si je suis marqué inconsciemment par le gout sucré des mures sauvages, mon attention se portera sur ses baies rouges et je considérerai les ronces comme un buisson à fruits.

Et si jamais je me rappelle totalement que l’on appelle « mûre, mûron ou mûre sauvage, par analogie de forme, le fruit de la ronce commune , buisson épineux très envahissant du genre Rubus de la famille des Rosacées, et proche du framboisier. Ces deux espèces donnent d’ailleurs un hybride original, la mûroise. Les mûres sauvages sont précédées de leurs fleurs, blanches ou blanc rosé, de deux à trois centimètres de diamètre, regroupées en corymbes ; elles ont cinq sépales, cinq pétales et de nombreuses étamines . La mûre est de couleur noir bleuâtre à maturité, vers septembre. C’est un fruit composé formé de l’agrégation des carpelles modifiés et transformés en petites drupes (drupéoles) qui restent adhérentes au réceptacle floral », je considérerai le les ronces comme un ensemble, mais quelle lien il aura avec l’objet réel ? A-t-on déjà vu un buisson de ronces dire « je suis mûre, mûron ou mûre sauvage, par analogie de forme, le fruit de la ronce commune, buisson épineux très envahissant du genre Rubus de la famille des Rosacées …….. ?

Ces interactions conditionnent notre capacité à organiser les expériences sensibles rendant, à mon avis, tout savoir limité à ce conditionnement. C’est la raison pour laquelle la méditation n’est pas une démarche intellectuelle. Elle choisit l’observation simple des phénomènes comme référence, un observation sans jugement, laissant une connaissance intuitive se développer. Évitant les pièges et les limites de la pensée conceptuelle et plaçant le méditant au-delà des représentations, la méditation offre une compréhension transcendante et transcendée.

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