Ce que je n’ai pas dit – L’observation, clef de la libération

La méditation n’est pas une démarche intellectuelle car elle propose d’observer les phénomènes de l’esprit sans les juger et ni les qualifier afin de les laisser dévoiler leur propre nature. Elle ne développe pas une connaissance intellectuelle ni un nouvel ordre du penser, mais plutôt une connaissance intuitive qui se vérifie par et dans l’expérience.

La méditation propose un abord phénoménologique, c’est-à-dire qu’elle choisit pour référence uniquement les phénomènes pouvant être observé directement, évitant toute représentation inaccessible à l’expérience, c’est une « intelligence pratique» plutôt que théorique.

Comme je l’ai déjà précisé, je perçois aujourd’hui l’ordre du penser et l’ordre du réel comme deux miroirs se faisant face. A chaque nouvelle expérience, l’esprit saisit leurs reflets sans jamais vraiment savoir s’il se confronte au réel ou à l’idée du réel : il identifie, il s’approprie, il conceptualise.

Passant frénétiquement d’un ordre à l’autre, il construit une représentation complexe du Moi et du monde, enrichie de l’expérience des sens comme de nos expériences passées. Ces interactions entre l’ordre du penser et l’ordre du réel – en nous disant qui nous sommes et ce qu’est le monde – conditionnent notre existence et notre capacité à savoir.

Mais en révélant ces conditionnements, la méditation révèle également la voie de leur dépassement. En effet, l’illusion et ses pièges n’opèrent plus quand ils sont dévoilés. Quand les voiles tombent, une connaissance intuitive nouvelle fait jour et il devient possible de voir et d’avancer plus loin que les pièges de l’esprit. C’est cette voie que la méditation révèle, cette Voie appelée Voie de la Libération.

C’est pourquoi l’observation est le socle de la méditation, je dirai plutôt qu’elle est la ligne guide de la méditation. La méditation place l’observateur attentif dans une situation particulière où il est de moins en moins prisonnier des jeux de l’esprit  parce qu’il les comprend mieux à chaque fois. Cette libération progressive des conditionnements de l’esprit offre chaque fois un nouveau recul et donc un nouveau regard sur notre expérience. En permettant une vision de plus en plus large des phénomènes observés et de leurs interactions, la méditation développe une compréhension qui s’affirme et s’affine progressivement avec la pratique.

Pour ces raisons, j’ai comparé la méditation à une aventure dont l’observation est le moteur et je suis encore surpris de voir  la disproportion entre la richesse découverte et la simplicité des moyens mis en œuvre. Je finis par croire qu’il n’ y a rien à faire pour comprendre, sinon laisser les phénomènes révéler leur nature comme la pulpe tombant au fond d’une verre dévoilerait  un liquide cristallin.

Il n’y a rien à faire sinon laisser l’observation nous guider au delà des conditionnements.

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