Archives de catégorie : Errances en Pays Myanmar

Désherence Birmane

Et bien c’est ma dernière nuit à Yangoon, et je suis incapable à cet instant de dresser le moindre bilan, de faire le moindre constat tant je vivais et vis encore dans l’instant présent. Pas comme le sage au pied de l arbre, mais dans une certaine insouciance de l’accompli comme de l’à-venir.
J ai l’impression que c’est cette aventure qui m’a mené plutôt que le contraire. J’ai l’étrange impression que les souvenirs sont superflus, car souvent propices à révéler l’ego du voyageur plutôt que la teneur de son aventure. Et je n’ai pas vraiment lutté contre la fuite du temps car c’est un combat inutile. Je crois que j’ai juste fait confiance à l’élan qui m’a mené jusqu’ici’.

Je suis content de ne pas pouvoir écrire le mot fin tant il y a d’espaces à conquérir en soi, pour gagner toujours en liberté. Et Je suis content d’avoir pris le temps de les approcher.
Je ne sais pas grand chose, (surtout ce soir), mais je sens encore le souffle de ces grands espaces au creux de chaque instant.

Billet sans FIN pour Vie à suivre …

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Plongée au coeur Birman – Sagaing

Cela fait plusieurs jours que je rode dans les environs de Sagaing comme une âme en joie. Autour de cette ville rurale, plusieurs villages offrent des paysages incroyables, des temples perdus au milieu des rizières, des monastères centenaires, des collines (Sagaing Hills) où se concentrent pagodes aux toits dorés et murs blanchis. Mais, si tous ces sites sont incroyables, il faut admettre que l’esprit finisse par s’y habituer. Passé un certain temps dans le même univers, l’irréel devient commun, et le voyageur habitué.
Le temps historique de ce voyage s’est terminé à Sagaing, pour laisser place à un temps encore plus riche, le temps humain. Là où certains voyageurs ne passent que quelques heures, j’ai décidé d’y passer plusieurs jours, devenant l’officiel seul étranger de cette ville. Une sorte de passeport pour des rencontres amicales et chaleureuses.
Quelques soient les chemins empruntés, salutations « Mingalabaw », rires, échanges de quelques mots. Ici, les gens m’abordent sourire aux lèvres et l’amitié dans la main. Plus les jours passent et plus je me fonds dans leur cours de vie, plus l’immersion humaine est profonde ( pas de mauvaise blague 😉 ). Je me drape de leur quotidien
Au cours d une ballade, j’assiste aux préparatifs d’une cérémonie devant une pagode, quand on m’invite à pénétrer sous les tentes pour m’offrir un repas comme on en offre à ceux qu’on a pas vu depuis longtemps. Je suis assis au milieu d’une trentaine de personnes dont la moitié d’enfants. S’assurant de mon confort, on me fait ensuite apporter un repas aux plats variés, que je déguste sous les regards brillants de générosité. Passés les premiers instants d’appréhension, la fraternité prend le pas sur le poids des regards. Voila enfin La grande famille humaine dont on parle si souvent et que l’on voit si peu ailleurs. J ai été invité à la cérémonie se déroulant le lendemain et ce fut là encore un temps d’échange incroyable. Ce fut, non pas la rencontre entre deux mondes fantasmés par le voyageur intrépide, mais juste le temps d’un partage. Un partage où l’on se soucie plus de l’autre que de son origine. Une vraie rencontre humaine.
Plus les jours passent, moins je visite et plus je rencontre. J’ai poussé la plongée dans cette vie villageoise jusqu’a délaisser mon hôtel confortable au profit d’un toit différent. Un vieux moine m’héberge dans son monastère, m’offrant ainsi un toit très modeste, mais un toit qui lui sert d’abri chacune de ses nuits. Une bicoque aux murs et toits en feuilles tressées, posée sur un béton poussiéreux, ou s’entassent et se suspendent une foule d’objets utiles. Il n’est pas toujours facile d’accepter un certain dénuement, et mes nuits sont aussi légères que le sommier, en inégales lattes de bois, est dur. Mais c’est pour moi une façon d’être au cœur de la vie villageoise, car j’ai la chance d’être aussi invité à manger chaque soir chez sa fille.

Voila en quelques mots, mes glissements du temps historique au temps humain. J’ai découvert ce café internet ce matin, et c’est une vraie coïncidence car mon voyage touche aussi à sa fin. Je prends cet après midi un bus pour Yangoon (13-14 h de transport mode local), et c’est de façon naturelle que je quitte cet endroit riche d’interactions. Il va me falloir du temps pour mieux assimiler cette aventure car elle est également riche de questionnements. Il me reste encore quelques jours pour me préparer au grand saut et retrouver, dès le premier jour de février, ces visages et ces voix auxquels je pense souvent.

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Ici Radio Mandalay… Les carottes ne sont pas cuites

Peu à peu, la symphonie des sens laisse place à une plus douce mélodie. Je reprends gout à une vie qui me semblait étrangère hier encore

Fuyant Rangoon au plus vite, 13 heures de bus m’ont permis de rejoindre Bagan, un site incroyable où se concentrent sur quelques kilomètres carrés plus de 4000 temples et monastères vieux d’un millier d’années. Seul, avec ma boussole et mon vélo , j’ai arpenté pendant 4 jours les voies labyrinthiques tracées sur un sol sableux et poussiéreux. De temple en temple, d’aventure en aventure.
Bouddhas et peintures murales incroyables. Du bleu cyan, du rouge carmin, de la chaux blanche, des briques rouges, de la pierre brune. Un festival de couleurs émergeant du cours de l’histoire. Un lieu exceptionnel, coincé entre les bras d’un fleuve trop lent et plusieurs palmeraies.

Et puis ce matin, un nouveau bus vers Mandalay. 8 heures de bus couleur locale, pas beaucoup de mots mais beaucoup de sourires bienveillants. Les gens sont particulièrement gentils, curieux et ravis de pouvoir échanger un bonjour ou bien un sourire. Ils ont le gout des autres et je ne me sentais pas étranger. J’étais dans le même courant de vie.
Mandalay est une très grande ville, où règne également une grande effervescence. A cet instant la nuit prend ses marques et la ville se transforme avec l’apparition de petites échoppes, autour desquelles on peut s’installer sur de petits tabourets plastiques, disposés autour d’une table basse. Au programme, samossa, beignets, viandes en sauces avec riz, brochettes à faire frire soi même, soupes diverses. Malgré l’agitation, la foule, le bruit je me sens ici comme chez moi. Les appréhensions et les circonvolutions d’un esprit agité se sont tues. Plus exactement, elles sont aussi libres que moi et donc ne sont plus source de contraintes. Je retrouve l’essentiel, car à cet instant, je marche comme un homme libre.

Demain, je compte me rendre et séjourner dans une ville ancienne à quelques kilomètres d’ici, et il sera difficile de trouver un accès internet pendant plusieurs jours.

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